De nouvelles perspectives pour le personnel qualifié
Au Ghana, les personnes intéressées par un emploi en Allemagne et en Europe bénéficient d’un soutien au Centre pour l’Emploi, la Migration et le Développement.
Aujourd’hui, Simon De Daffour a une entreprise de quatre employés. Il installe des stations d’épuration biologiques avec des toilettes attenantes. Un travail important au Ghana, qui améliore les conditions sanitaires et contribue à la protection de l’environnement. Auparavant, Daffour avait vécu quelques années en Allemagne. « Je voulais retourner au Ghana parce que je voulais faire quelque chose pour aider mon pays », dit-il.
La base de son succès remonte à un cours dans lequel il a appris, en quelques mois, à construire des stations d’épuration biologiques. C’est le Centre ghanéo-européen pour l’Emploi, la Migration et le Développement qui lui a permis d’y participer. À l’époque, ce centre s’appelait, cela dit, autrement : Centre ghanéo-allemand pour l’Emploi, la Migration et la Réintégration. Daffour en avait entendu parler à la radio.
Le centre de conseil a été ouvert en 2017 dans la capitale Accra. De tels centres n’existent pas seulement au Ghana, mais aussi dans onze autres pays ; ils sont gérés par la GIZ, la société allemande de coopération internationale, sur ordre du BMZ, le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement. Depuis février 2023, certains de ces centres ont pris une nouvelle orientation, suite à un changement de paradigme dans la politique migratoire allemande : après avoir représenté, avant tout, des lieux d’accueil pour les rapatriés comme Daffour, ils conseillent désormais davantage les personnes intéressées par une migration vers l’Allemagne.
Promouvoir le développement, attirer la main-d’œuvre
Depuis lors, l’établissement d’Accra porte son nouveau nom. Il est également financé par l’Union européenne (UE). Le ministère allemand du Développement met à disposition 150 millions d’euros pour l’initiative Centres pour la migration et le développement. L’argent sera distribué sur trois ans à neuf pays, dont la plupart disposaient déjà de centres, auparavant : Ghana, Maroc, Tunisie, Égypte, Jordanie, Nigeria, Irak, Pakistan et Indonésie. L’objectif : promouvoir le développement économique dans les pays et attirer la main-d’œuvre en Allemagne. Car la République fédérale a un besoin urgent de personnel qualifié.
De spécialistes, tout comme Felix Adjarko, par exemple. Cet ingénieur électricien est spécialisé dans les énergies renouvelables et espère trouver en Allemagne de meilleures possibilités de formation continue qu’au Ghana. Il a découvert le centre grâce à LinkedIn et à un ami. C’est au centre qu’il obtient des informations sur ce qu’il doit présenter pour pouvoir vivre et travailler en Allemagne. Adjarko se réjouit de cette aventure à l’étranger. Même s’il pense que la nouvelle langue représentera un défi.
« Pour entrer en contact avec des employeurs en Allemagne, il est important d’acquérir des connaissances de la langue », précise Benjamin Woesten de la GIZ, qui a dirigé le centre d’Accra depuis 2020 et qui est maintenant de retour en Allemagne. « Ce sont surtout les personnes jeunes à la recherche de perspectives qui viennent nous voir. » Selon lui, le conseil est facile d’accès, individuel et sans obligation de résultat. La structure conseille environ 2 700 personnes par an. Jusqu’à présent, environ 15 pour cent de la clientèle s’est montrée intéressée par une migration vers l’Allemagne. Depuis la nouvelle orientation du centre, Woesten a constaté une demande plus forte.
Conseil sur le travail et la vie en Allemagne
Le centre d’Accra est le fruit d’une coopération avec le ministère ghanéen du Travail. Cela va du conseil de carrière à l’assistance pour des questions de bureaucratie, comme la demande d’un visa, en passant par la formation continue : l’assistance offerte par les six conseillers aux personnes intéressées est étendue. « Voici ce que nous apprenons dans nos cours : ce que signifient vivre et travailler en Allemagne, les différences avec le Ghana, les particularités à prendre en compte lorsque l’on a affaire à des Allemands », précise Woesten. Mais le centre fournit également des informations sur l’émigration vers d’autres pays de l’UE ou d’Afrique. Par exemple, sur les profils qui sont les plus demandés actuellement, explique-t-il. Pour sa part, l’Allemagne connaît des difficultés dans les domaines du social, des MINT (mathématiques, informatique, sciences naturelles et techniques), de l’artisanat et de la santé.
Par ailleurs, le centre propose aux personnes qui rentrent au pays un soutien à la création d’entreprise et des conseils psychosociaux. « De nombreuses personnes ghanéennes qui sont venues chez nous étaient, par le passé, parties en Allemagne suite à de fausses attentes et promesses, et avaient essayé d’y demander l’asile », poursuit Woesten. Mais le Ghana est considéré comme un pays sûr et les chances d’obtenir l’asile sont faibles. Woesten poursuit : « Beaucoup de gens se sont rendu compte qu’il était difficile de s’établir en Allemagne à partir d’une immigration irrégulière. Leurs projets migratoires n’ont pas obtenu le succès qu’ils espéraient. » Peut-être que la deuxième tentative se passera mieux. Les anciens rapatriés peuvent à nouveau s’adresser au centre de conseil s’ils souhaitent repartir à l’étranger.