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« La clé, c’est la coopération »

Le physicien Solomon Nwabueze Agbo parle des partenariats sur l’hydrogène de l’Allemagne avec des pays de l’Afrique sub-saharienne et de leur contribution à la transition énergétique.

Interview: Clara Krug, 10.03.2021
Expert en hydrogène "vert" : le physicien Solomon Nwabueze Agbo.
Expert en hydrogène "vert" : le physicien Solomon Nwabueze Agbo. © Forschungszentrum Jülich/Wilhelm-Peter Schneider

Un porteur d’espoir en matière de transition énergétique : l’hydrogène vert est obtenu avec de l’électricité renouvelable. Pour le produire en quantité suffisante, on cherche des pays partenaires riches en superficie, en ensoleillement et très venteux. L’Afrique est un continent disposant d’un potentiel particulièrement élevé pour l’énergie « verte ». Le ministère fédéral de l’Éducation et de la recherche (BMBF) mise donc sur des partenariats stratégiques avec des pays de l’Afrique occidentale et australe. Il soutient depuis l’été 2020 le projet H2Atlas-Africa à hauteur de 5,7 millions d’euros. Le docteur en physique Solomon Nwabueze Agbo, du Centre de recherche de Jülich, coordonne le projet. Ce Nigérian parle dans cette interview des objectifs les plus importants de cet atlas.

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M. Agbo, qu’avez-vous pensé quand vous avez lu la Stratégie nationale sur l’hydrogène du gouvernement fédéral et de l’Afrique comme grand partenaire potentiel ?

Après l’avoir entièrement lue, je peux dire qu’elle est de grande envergure. Il s’agit d’une feuille de route optimiste mais dans l’ensemble complète et très claire avec les plus importants composants nécessaires pour parachever la transition énergétique. Il est totalement logique que l’Afrique soit définie comme un partenaire important en matière de production et d’exportations de l’hydrogène. Les partenariats internationaux sont la clé pour établir l’hydrogène vert et faire face au changement climatique. L’Allemagne ne dispose pas des possibilités suffisantes pour produire, stocker et transporter des énergies renouvelables pour produire de l’hydrogène vert. C’est pourquoi des partenaires dans le monde entier sont si importants. Les pays de l’Afrique sub-saharienne sont intéressants parce qu’ils disposent de suffisamment de soleil et de vent pour produire de l’hydrogène.

Le H2Atlas-Africa, que vous élaborez actuellement au Centre de recherche de Jülich, porte sur les potentiels de l’Afrique sub-saharienne pour des partenariats avec l’Allemagne sur l’hydrogène. Quel est l’objectif de votre projet ?

Nous analysons jusqu’à fin 2021 dans trente-et-un pays d’Afrique occidentale et sub-saharienne les ressources en eau et en énergie renouvelable, les superficies disponibles pour produire de l’hydrogène vert ainsi que les données principales sur la production et les conditions-cadres sociétales. L’atlas poursuit deux objectifs : il veut d’une part déterminer avec une carte interactive les sites appropriés pour créer une infrastructure de production d’hydrogène vert ; le projet veut ensuite montrer avec des projets pilotes comment produire de l’hydrogène vert, le vendre et l’exporter de manière efficace.

Les partenaires africains doivent également profiter des partenariats sur l’hydrogène en ce qu’ils créent des emplois dans les pays et stimulent l’économie.
Solomon Nwabueze Agbo, physicien

Pourquoi les partenariats sur l’hydrogène avec l’Allemagne peuvent-ils être intéressants pour les pays sub-sahariens ?

C’est un point important. Un partenariat ne peut réussir que s’il est intéressant pour tous les participants. Nous accordons une grande importance à ce que les pays africains profitent également d’un partenariat sur l’hydrogène, par exemple par le fait que cela crée des emplois et stimule l’économie. Les énergies renouvelables sont depuis longtemps utilisées dans les foyers de nombreux pays africains. Si, maintenant, avec l’aide des partenaires allemands, les potentiels sont exploités et un secteur industriel s’établit en Afrique avec l’hydrogène vert, ce serait une contribution importante contre le changement climatique mondial et pour le développement économique de l’Afrique. Nombre d’habitants de l’Afrique ont une grande confiance dans la technologie allemande et pensent que les partenaires se complètent parfaitement. En fin de compte, chaque pays africain doit définir lui-même où se situent ses priorités dans un partenariat sur l’hydrogène. L’important, c’est que ce soit des partenariats d’égal à égal.

Comment procédez-vous pour établir le « H2Atlas-Africa » ?

Avec des équipes nationales, nous sommes en échange permanent avec les 31 pays participants et analysons par exemple leur approvisionnement énergétique respectif ou leurs préférences individuelles sur la production et la consommation d’énergies renouvelables. Il y va aussi des conditions politiques et juridiques pour des partenariats énergétiques dans chaque pays. Nous avons deux grands partenaires du côté africain, les deux Centres de recherche sur le climat au Ghana (West African Service Centre on Climate Change and Adapted Land Use, WASCAL) et en Namibie (Southern African Science Service Centre for Climate Change and Adaptive Land Management, SASSCAL). Avec des chercheurs, des ingénieurs et des techniciens, nous identifions des sites potentiels pour accueillir des installations pouvant produire des énergies renouvelables, par exemple avec la photovoltaïque.

Que souhaitez-vous en matière de création de partenariats sur l’hydrogène ?

J’espère beaucoup que les habitants de l’Afrique seront, demain aussi, impliqués dans la production d’hydrogène vert sur leur continent. Car ce n’est qu’ainsi que la confiance, le partenariat et l’amitié seront pérennes. Pour cela, nous mettons en place des formations intenses pour des chercheurs et des étudiants africains. Le Centre de recherche de Jülich organise en outre, avec la WASCAL et la RWTH à Aix-La-Chapelle, des ateliers et des programmes d’écoles doctorales. Je suis convaincu que nous apportons, avec notre travail, une contribution importante pour lutter contre le changement climatique global et pour l’avenir des pays sub-sahariens. Naturellement, nous avons aussi des échanges étroits avec tous les participants ici, en Allemagne, pour nous assurer que les intérêts de tous les partenaires soient pris en compte.       

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