La recherche pour la paix
Que peut faire la science pour la paix ? Un expert parle des conflits actuels et des nouvelles possibilités d‘études.
Deutschland. Le monde politique cherche des réponses » – Ulrich Schneckener, président du directoire de la Fondation allemande de recherches sur la paix, explique l’impact que peut avoir la science.
M. le professeur Schneckener, la recherche sur la paix est-elle actuellement particulièrement demandée ?
On peut le dire ainsi. La « guerre au terrorisme », déclarée après les attentats du 11 septembre 2001, s’est avérée être un paradigme de politique de sécurité erroné. Elle a conduit à plus de violence, de guerres et à la perte répétée de l’ordre intérieur et international. La politique et la société interrogent maintenant plus souvent la recherche sur la paix et les conflits sur les alternatives possibles.
Sur quels thèmes mettez-vous l’accent ?
L’idée que les sociétés d’après-guerre peuvent être conduites relativement aisément vers la démocratie et l’économie de marché avec une intervention internationale est une illusion. La paix doit surtout être obtenue et élaborée par la société du pays concerné. Dans la recherche allemande sur la paix, il y a par exemple nombre de contributions sur la consolidation de la paix et la gestion civile des conflits, un concept à la croisée de la gestion et de la résolution des conflits.
Le transfert de la science vers l’action politique fonctionne-t-il ?
On a beaucoup fait dernièrement dans le domaine de la gestion des conflits, allant de la prévention et de la médiation au renforcement des sociétés civiles. Des organismes proches de la pratique ont été créés, par exemple le Centre allemand d’opérations de maintien de la paix (ZIF). A la suite du processus « Review 2014 – Penser la politique étrangère autrement », le ministère fédéral des Affaires étrangères a créé le service « Prévention des conflits, stabilisation, relèvement post-conflit » , tous ces termes ayant été élaborés dans la recherche sur la paix et les conflits. Le monde politique cherche en outre des réponses sur la manière de préserver la paix au sein des sociétés. Car les effets des crises régionales se font aussi sentir chez nous. La « peur du terrorisme » et les craintes quant à l’intégration des réfugiés sont aussi clivantes en Allemagne et remettent en question la solidarité dans la société.
Où peut-on étudier la recherche sur la paix en Allemagne ?
Ces dernières années, plusieurs cursus de master, également en anglais, des chaires et des instituts de recherche sur la paix et les conflits ont été créés. Les établissements supérieurs allemands forment encore plus intensément qu’il y a encore dix ans des experts qui utilisent leurs connaissances dans leur travail concret pour la paix, par exemple dans des organisations internationales, des institutions officielles ou des organisations non-gouvernementales. Des centres de recherche extra-universitaires comme la Hessische Stiftung Friedens- und Konfliktforschung (HSFK), le Hamburger Institut für Friedensforschung und Sicherheitspolitik (IFSH) ou le Bonn International Center for Conversion (BICC) sont une particularité allemande. Il y a un très grand potentiel scientifique, également en ce qui concerne le transfert vers la politique et la société.
Interview: Johannes Göbel