Aller au contenu principal

« Les Ougandais n’aiment pas le fly-in-fly-out »

Joern Seitz vit depuis 20 ans à l’étranger. Cet Allemand dit ici ce qu’il a appris à Taiwan pour l’Afrique.

Martin Orth, 31.03.2020
Le grand projet de pont suspendu : Joern Seitz (à dr.) au Mozambique
Le grand projet de pont suspendu : Joern Seitz (à dr.) au Mozambique

Joern Seitz a vécu en Allemagne jusqu’en 2000. Puis son employeur l’a envoyé à Taiwan – et il prit goût à ces séjours à l’étranger. Ses quatre années à Taiwan ont été suivies par dix ans au Nigeria et quatre ans au Mozambique. Cet ingénieur vit et travaille maintenant depuis un an en Ouganda.

M. Seitz, où venons-nous de vous joindre ?      

A Kampala, dans la capitale ougandaise. Le président va tenir une allocution sur l’épidémie du Corona. Mais il nous reste un peu de temps, allez-y !

Sur quoi travaillez-vous actuellement ?              

Je suis en Ouganda pour la société Gauff Engineering. En tant que directeur de projet, je suis responsable d’un grand projet portuaire à Kampala. Gauff Engineering est un bureau d’études responsable de la réalisation du port intérieur de Bukasa, l’un des trois plus grands projets d’infrastructure dans le pays. Mon travail consiste à préparer les travaux de construction et à être un intermédiaire entre le gouvernement et les entreprises.

Pourquoi a-t-on besoin d’un Allemand pour cela ?        

Le financement vient en partie de l’Allemagne et nous appuyons les Ougandais avec notre expertise pour ce grand projet. Gauff Engineering, dont le siège se trouve à Nuremberg, a des décennies d’expérience dans la réalisation de projets d’infrastructure complexes, notamment en Afrique.

Pourquoi l’Ouganda a-t-il besoin d’un nouveau port ? 

Le lac Victoria est le deuxième plus grand lac intérieur au monde et fait partie de la Tanzanie, du Kenya et de l’Ouganda. La navigation intérieure a longtemps été négligée. Mais on a maintenant reconnu que le transport entre ces pays par le lac est plus rapide et moins cher que par la route. Le nouveau port sera un moteur pour l’économie ougandaise mais aussi porteur d’avenir pour le développement de toute l’Afrique orientale.

Au Mozambique, je profite de ce que j’ai appris un peu de chinois à Taiwan et sais manger avec des baguettes. 
Joern Seitz, directeur de projet

Comment peut-on s’imaginer votre quotidien, faites-vous la navette ?               

Non, je vis à Kampala. Les Ougandais n’aiment pas le « fly-in-fly-out ». Il faut être si possible être en permanence sur place pour maintenir le contact avec le client. Mais c’est très agréable. J’habite dans le centre-ville et, comme Kampala est à près de 1.200 mètres d’altitude, les températures sont modérées, une brise souffle toujours du lac. Le pays est politiquement stable, la ville est verte, les habitants ouverts et aimables, et il y a d’excellents restaurants avec une cuisine internationale. L’Ouganda a le vent en poupe, j’aime ce pays.

Et comment êtes-vous perçu par les Ougandais ?

Il n’y a pas beaucoup d’Allemands ici. Mais la sœur du président est mariée à une Allemand. Je crois que c’est l’une des raisons pour lesquelles nous sommes perçus de manière très positive.

Vous êtes maintenant depuis vingt ans à l’étranger. Quelle expérience vous a le plus marqué ?

Avec Gauff Engineering, nous avons construit le plus grand pont suspendu en Afrique, au Mozambique, en tant que sous-traitant de la société chinois CRBC. Je profite de ce que j’ai appris un peu de chinois à Taiwan et sais manger avec des baguettes. A Taiwan, c’était la voie à très grande vitesse à travers le pays – ça a été une expérience exceptionnelle d’y vivre et d’y travailler.

Et quand le port sera achevé en Ouganda ?

Le projet court encore trois ans. Et après, on verra.        

© www.deutschland.de