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« Il s’agissait de personnes qui voulaient vivre »

Se recueillir et se souvenir : Hanna, bénévole, passe son année à l’étranger au sein du Centre international de rencontre pour la jeunesse à Oświęcim / Auschwitz.

Anja LeuschnerAnja Leuschner, 21.01.2025
Hanna travaille depuis quatre mois comme volontaire à Oświęcim
Hanna travaille depuis quatre mois comme volontaire à Oświęcim © privat

Hanna Hüttner rêve d’une société qui accepte et respecte toutes les personnes : quelle que soit leur couleur de peau, leur origine, leur sexualité, leur genre ou leur religion. Et elle souhaite apporter sa contribution pour y arriver. C’est ce souhait qui l’a poussé à passer une année à l’étranger au sein du Centre international de rencontre pour la jeunesse à Oświęcim/Auschwitz en Pologne. Depuis quatre mois, cette jeune Allemande y vit et travaille à proximité de Cracovie en Pologne. 

En quoi consiste ton travail dans le Centre de rencontre pour la jeunesse ?

Actuellement, je propose surtout des visites de la ville. Beaucoup de personnes connaissent Auschwitz à cause du camp, mais la vile ne leur dit rien. Prochainement, je proposerais aussi des visites dans le Musée juif. Sinon, je suis occupée chez nous, dans le Centre de rencontre. Nous accueillons des groupes, souvent venus d’Allemagne, mais aussi de France, de Tchéquie, de Pologne ou de Finlande. Ils dorment ici et ont à chaque fois leur propre programme, mais la plupart comprennent la visite du camp d’origine et de Birkenau. Le soir, nous nous réunissons souvent, nous parlons des impressions suscitées par la visite et nous aidons les personnes à assimiler ce qu’elles ont vu. C’est souvent rempli d’émotions. Sinon, je suis l’interlocutrice pour toutes les demandes des groupes.

Tu es à Oświęcim depuis quatre mois. Y a-t-il un moment qui te reste en particulier en mémoire ? 

Lors des visites de la ville, il y a à chaque fois un moment très intéressant : quand je demande combien de pour cent de la population d’Oświęcim était juive dans les années 1930. Les estimations sont toujours différentes, mais le fait que plus de la moitié de la population de la ville était juive étonne toujours les personnes. J’aime alors raconter l’histoire d’une famille juive. Ils avaient un fabrique à Oświęcim. Le propriétaire du magasin et sa femme sont partis pour les États-Unis en 1939 pour participer à l’exposition universelle à New York. Leur fille de deux ans est restée chez sa grand-ère pendant ce temps. Quand le couple a voulu rentrer en Allemagne, ce fut impossible : entre-temps la Seconde guerre mondiale avait éclaté. C’est en 1942 que le dernier signe de vie de leur fille leur est parvenu aux États-Unis. À cinq ans, elle a été tuée aux camp d’extermination de Belzec, tout comme sa grand-mère. Le propriétaire du magasin avait toujours voulu retourner à Oświęcim, pendant tout son temps passé aux États-Unis, il avait toujours un sac prêt à côté de son lit. Il a enfin pu rentrer en 1967. Mais Oświęcim était méconnaissable, le rêve du retour au pays avait éclaté. En 1970, le fabricant décéda, d’un cœur brisé comme l’a dit plus tard sa femme. 

Quand je raconte cette histoire, j’ai en face de moi des visages très touchés. Mais il est important pour moi que les personnes réalisent : il ne s’agit pas que d’un très grand nombre de personnes qui ont perdu la vie pendant l’Holocauste. Derrière chacun de ces chiffres, il y a une histoire individuelle. Il s’agissait de personnes qui voulaient vivre. Et chacune de ces personnes avait une famille qui pleure ou qui a été entièrement exterminée.

Hanna propose des visites de la ville d’Oświęcim
Hanna propose des visites de la ville d’Oświęcim © privat

Comment t’es-tu toi-même sentie quand tu t’es rendue pour la première fois sur les lieux de commémoration ?

Il est impossible de décrire ce sentiment. Cela vous prend au cœur et persiste pendant des heures, voire des jours. Dans ces lieux de commémoration, on se trouve dans des lieux où tant de personnes ont été détenues et tuées dans des conditions cruelles. Cette souffrance ne doit jamais être oubliée. Ces impressions ne motivent à m’engager contre les discriminations après mon année à l’étranger.