« Rendre visibles les exemples positifs »
Lorsqu’il s’agit de paix mondiale, les Etats et les religions doivent se rencontrer et réfléchir à leurs valeurs communes. A Berlin, une nouvelle initiative ambitieuse est lancée.
Allemagne. Le ministère fédéral des Affaires étrangères a lancé un nouveau forum de dialogue ayant pour devise « La responsabilité des religions à l’égard de la paix ». Du 21 au 23 mai, 100 représentants de communautés religieuses de 50 pays se rencontreront à Berlin. Quatre questions à Silke Lechner, directrice adjointe du groupe de travail du ministère fédéral des Affaires étrangères concernant la responsabilité des religions. Auparavant, la politologue avait été directrice de recherche des Eglises protestantes allemandes pendant dix ans.
Madame Lechner, les grandes religions revendiquent de contribuer à une cohabitation pacifique et respectueuse des personnes. Mais, actuellement, on remarque plutôt davantage le potentiel de conflits des religions et confessions. A quoi est-ce dû ?
Silke Lechner : Comme pour d’autres sujets, les médias se consacrent plutôt aux mauvaises nouvelles qu’aux bonnes. Il y a aussi naturellement des situations où le rôle des religions est ambivalent. Et il y a des cas où la religion est malmenée. Il est toutefois incontestable qu’il y a dans le monde des acteurs religieux qui s’engagent très fortement au profit de la paix dans leurs sociétés et entre elles. Nous voulons souligner et rendre visibles ces exemples positifs. Tous les participants à la conférence ont en commun d’admettre la responsabilité de leur propre religion à l’égard de la paix – c’est un potentiel qui devrait également être utilisé en matière de politique étrangère.
L’Allemagne, en tant qu’Etat idéologiquement neutre en matière de politique étrangère, a-t-elle trop longtemps ignoré à quel point la religion, ou plus exactement des leaders spirituels, influencent la société et la politique d’autres pays ?
En Allemagne même, il existe une très bonne coopération avec les églises et les communautés religieuses - et ces expériences ont conduit à ce que le ministère fédéral des Affaires étrangères veuille maintenant établir des relations durables avec les représentants des religions à l’étranger. Nous considérons cette initiative comme faisant partie d’une nouvelle orientation stratégique aussi de la politique culturelle et éducative à l’étranger, comme une part de la « politique étrangère des sociétés ».
Qui est invité à la conférence « Responsabilité des religions à l’égard de la paix » et qu’attendez-vous de cette première rencontre ?
Environ 100 représentants religieux de plus de 50 pays participeront – venant du Proche et du Moyen Orient, de l’Afrique du Nord et de l’Ouest et d’Europe. Cela met l’accent sur le christianisme, l’Islam, le judaïsme et sur quelques plus petits groupes tels que ceux du yézidisme, du bahaïsme et de l’ismaélisme. Les autres grandes religions et régions doivent s’y joindre plus tard.
Tous les représentants religieux qui participent prennent dans leur pays la responsabilité à l’égard de la paix – que ce soit en enseignant dans les écoles ou les universités, dans la médiation, dans les situations de conflits ou par des projets interreligieux.
Avec cette rencontre à Berlin, nous voulons renforcer le travail avec des acteurs non-étatiques. Nous voulons écouter ce que rapportent les participants de leur travail pratique et, par le dialogue avec les représentants religieux, développer des idées pour pouvoir poursuivre ces thèmes et définir ce que la politique étrangère allemande peut faire.
Pensez-vous qu’il y ait danger à ce que les efforts faits par la politique étrangère allemande pour soutenir le dialogue interreligieux soit rejetés car considérés comme ingérence ?
L’´écho remporté par l’invitation à notre rencontre berlinoise montre que les représentants religieux sont très intéressés à un échange avec nous et se réjouissent de cette initiative du ministre fédéral Sigmar Gabriel. Nous ne voudrions toutefois pas soutenir ce dialogue en tant qu’interreligieux ; pour nous il devient intéressant à partir du moment où des acteurs religieux agissent en tant qu’acteurs sociaux et politiques engagés et se chargent de ce fait de la responsabilité à l’égard de la paix. Nous pensons que les domaines de la politique et de la religion peuvent très bien se compléter. Dans un monde marqué par la guerre et l’insécurité, la responsabilité des religions à l’égard de la paix est particulièrement importante !
Conférence « Responsabilité des religions à l’égard de la paix » du 21 au 23 mai 2017 à Berlin.
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