« Des propositions bien pensées »

Mme la professeure Geissel, pourquoi les offres comme les conseils de citoyens en Allemagne ou la conférence sur l’avenir de l’Europe sont importantes à vos yeux ? 

Ce type de participation citoyenne peut remplir une fonction très importante dans une démocratie. Dans la plupart des processus de participation politique, ce sont surtout des gens bien éduqués d’un âge moyen ou élevé qui s’engagent. Contrairement à cela, les conseils de citoyens sont composés de de participants tirés au sort, ce qui permet de refléter tout l’éventail de la population. Mais on a vu qu’un choix aléatoire de couches de la population est nécessaire pour qu’un conseil de citoyens réunisse effectivement des femmes et des hommes de tous groupes d’âge et de tous niveaux d’éducation. On a ainsi un très grand groupe de personnes sélectionnées au hasard. On compose un groupe qui reflète la composition de la population en matière d’âge, de sexe ou de niveau d’éducation à partir du groupe de ceux disposés à participer à un conseil de citoyens. Il y a aussi un autre avantage lorsqu’un conseil de citoyens reflète toute la population : des discussions naissent entre des gens qui ne se rencontreraient sinon jamais.

Qu’est-ce qui caractérise ces discussions ?

Les conseils de citoyens se distinguent beaucoup des débats au café du commerce. Ils sont structurés en trois phases. Une phase d’information est toujours placée au début d’un conseil de citoyens. Puis vient une phase de discussion qui se déroule en groupes plus petits avec des animateurs. A la fin, des recommandations au monde politique sont avancées.

Une plateforme numérique sur laquelle chacun peut exprimer ses idées est au cœur de la conférence sur l’avenir de l’Europe. Considérez-vous qu’un tel forum fait sens ? 

Une offre numérique est dans tous les cas un bon complémente. Il faut distinguer si on se contente de rassembler des idées ou si des discussions doivent se dérouler. Pour les discussions, des animateurs en ligne sont également pertinents.

Les recommandations peuvent-elles vraiment apporter des réponses à des questions aussi difficiles que la protection de l’environnement ou le renforcement de la démocratie ? 

Les recommandations sont parfois fantastiques. Le conseil de citoyens sur le thème de la démocratie en Allemagne a par exemple soumis des propositions approfondies, extrêmement bien pensées. Des experts n’auraient guère fait mieux. Pour les sujets très complexes, cela implique qu’on accorde suffisamment de temps pour avoir des discussions approfondies.

Quel est le risque que les participants soient en fin de compte déçus lorsque leurs recommandations ne sont pas reprises par le monde politique ?

Le risque d’être frustré est important. Les participants doivent avoir l’impression que le monde politique se penche sérieusement et intensément sur leurs recommandations. Mais des sondages montrent aussi que les gens ne s’attendent pas à ce que leurs recommandations soient directement transposées dans la loi. Les citoyennes et les citoyens veulent surtout être pris au sérieux.

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