Voter – un droit précieux
Pourquoi les personnes issues de l’immigration votent aux élections au Bundestag en Allemagne. Trois personnes expliquent leurs raisons.
L’Allemagne élira un nouveau Bundestag le 26 septembre. 60,4 millions de personnes sont appelées aux urnes. On estime à 12 %, soit quelque 7,4 millions de personnes, le pourcentage d’électeurs issus de l’immigration. Trois d’entre eux expliquent pourquoi ils iront voter.
« J’étais très excité la première fois où j’ai pu voter », dit Alexander Davydov. « Je l’ai fait pour que ma voix compte et le sentiment qu’elle compte vraiment était électrisant. » En 1993, âgé de 5 ans, il arrivait en Allemagne de Saint-Pétersbourg avec ses parents et son frère. Après la fin de l’Union soviétique, les Juifs étaient toujours plus victimes d’un antisémitisme croissant, ils ont pu émigrer en Allemagne en tant que « réfugiés contingentés ». Son père parlait l’allemand qu’il avait appris à l’école. Cet ingénieur trouva du travail à Dortmund où Alexander grandit. Aller voter a toujours été important dans sa famille. « Mon père a toujours voté pour des partis soutenant les familles, il voulait que nous soyons protégés et que nous ayons rapidement une maison », dit M. Davydov qui travaille à Francfort comme rédacteur sportif. Sa famille a acquis la nationalité allemande en 2001, il avait 13 ans. Après le bac, M. Davydov a fait l’armée puis a parcouru le monde. Sac au dos, il a voyagé en Asie, en Océanie, en Afrique de l’Ouest et au Proche-Orient. Il aime toujours autant voyager. « Je suis allé dans plus de 70 pays, dans des dictatures et des royaumes. Vivre dans une démocratie et pouvoir voter est pour moi comme la première gorgée d’eau potable après chaque voyage : infiniment précieux. »
Au début des années, 1970, Sevgi Sanna est arrivée en Allemagne comme nourrisson dans le bagage à main de sa mère depuis le sud-est de la mer Noire en Turquie. Son père travaillait dans le B.T.P. dans le Bade-Wurtemberg et avait fait venir sa famille. « Une histoire d’émigré classique », dit cette femme de 48 ans vivant aujourd’hui près de Francfort-sur-le-Main. « Je suis devenue allemande à 19 ans », dit-elle. Sa mère et ses sept frères et sœurs ont également choisi la nationalité allemande dans les années 1990, mais pas son père. « Il s’est toujours senti émigré en Allemagne et, plus tard, il est retourné dans son pays natal. » Il est décédé en Turquie sans pouvoir réaliser son rêve, jouir des fruits de son dur labeur. La mère de Segvi Sanna a longtemps hésité et a fini par rester auprès de ses enfants et petits-enfants. Sevgi a passé le bac, suivi des études et travaille aujourd‘hui dans une banque. « La première fois que j’ai voté a été importante pour moi, pour me sentir vraiment chez moi et faire partie de la communauté allemande. » Elle participe à toutes les élections. « Les Turcs sont très sensibilisés à la politique, on parle beaucoup de politique dans les familles, avec les amis aussi, contrairement aux Allemands », dit-elle. Sa mère lui a souvent demandé, ainsi qu’à ses frères et sœurs, quelles idées défendaient les différents partis. « Elle s’informait auprès de nous puis allait voter, même si elle n’a jamais appris correctement l’allemand. »
« Aller voter a longtemps était impossible pour Amina Chebli en raison de ses trop faibles connaissances de l’allemand. Cette Marocaine de 40 ans vit depuis vingt ans en Allemagne, elle a été naturalisée en 2013. Amina Chebli a quatre enfants, le plus âgé a 18 ans, le plus jeune 5 ans. « Je suis femme au foyer », dit-elle. Mais elle est aussi la bénévole chargée de l’intégration par le sport eta fait sortir des femmes issues de l’immigration de leurs logements étroits dans la région Rhin-Main pendant la pandémie du coronavirus afin qu’elles bougent et fassent un peu de sport. Elle parle souvent avec sa famille, ses amis et ses voisins des partis pour lesquels voter. Mais « chacun a une opinion différente ! » Elle est issue d’une famille politiquement engagée, son frère est maire au Maroc. Elle s’est améliorée en allemand et votera pour la première fois lors des élections au Bundestag. Elle suggère une amélioration : « j’aimerais que les partis informent plus en arabe. »
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