L’avenir par 7

ALPHA VENTUS

Il a suffi d’appuyer sur un bouton jaune. Les énormes rotors d’Alpha Ventus se mirent à transmettre de l’électricité dans le câble sous-marin qui relie le premier parc d’éoliennes off-shore en mer du Nord au réseau d’électricité sur la terre ferme. Alpha Ventus est un projet pilote de 250 millions d’euros qui fournit de l’électricité à 50 000 foyers et un chef d’œuvre de la technique: douze éoliennes de catégorie 5 mégawatts tournent dans le rude environnement de haute mer au large de l’île de Borkum. Les fondations des éoliennes sont enfoncées à 30 mètres sous la mer, leurs mâts font 150 mètres de haut, les gondoles portant les rotors et les moyeux pèsent plus de 400 tonnes. Les plans du gouvernement fédéral sont tout aussi ambitieux: d’ici à 2030, la capacité de quelque deux douzaines de parcs éoliens en mer du Nord et dans la Baltique devra s’élever, par bon vent, à 25 000 mégawatts – soit plus du double de ce que fournissent les neuf centrales nucléaires encore en service en Allemagne. Au total, l’énergie hydraulique, éolienne, solaire et tirée de la biomasse fournit déjà 20 % de l’électricité en Allemagne, ce taux devant passer à au moins 35 % d’ici à 2020.

LE SECRÉTARIAT DE LA CCNUCC

L’Allemagne est un pionnier en matière de protection du climat. Après le Sommet de la Terre à Rio en 1992 où fut adoptée la Convention sur le climat mondial, il était donc logique pour le gouvernement fédéral de postuler au secrétariat de la CCNUCC, la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique. L’Allemagne fut choisie lors du sommet sur le climat dirigé par la ministre de l’Environnement de l’époque (et actuelle chancelière) Angela Merkel à Berlin en 1995. Ce secrétariat comptant aujourd’hui quelque 200 collaborateurs travaille maintenant à Bonn depuis 1996. Il s’installera courant 2012 sur un nouveau site, le Campus de l’ONU créé sur le site de l’ancien Bundestag.

Kyoto, Bali, Copenhague, Durban – ce sont quelques-unes des étapes du sommet mondial sur le climat qui se déroule chaque au­tomne et qui furent préparées, entre autres, par le secrétariat de la CCNUCC à Bonn. Ces conférences gigantesques, auxquelles se rendent aujourd’hui jusqu’à 35 000 participants, éveillent un fort intérêt dans l’opinion publique. Or les tâches des collaborateurs du secrétariat sont bien plus nombreuses. Ils doivent faire circuler en permanence les informations entre les 194 pays parties de la Convention, recueillir et diffuser les données sur les émissions de gaz à effet de serre et veiller à l’application très complexe du Protocole de Kyoto. La Costaricaine Christiana Figueres dirige le secrétariat de la CCNUCC depuis 2010. Son entrée en fonction à Bonn fut pour elle un retour sur les bords du Rhin. Dans les années 1980, elle avait entamé sa carrière à l’ambassade du Costa Rica à Bonn, l’ancienne capitale de l’Allemagne fédérale.

B.A.U.M.

Adidas, Bosch, Siemens Hausgeräte, Deutsche Telekom ou Rapunzel Naturkost – quel est le point commun entre ces entreprises et 600 autres? Elles sont toutes membres de la plus grande initiative de l’industrie en faveur de l’environnement, baptisée B.A.U.M. Ce nom éloquent (Baum signifiant arbre) est l’acronyme de Cercle de travail fédéral pour une gestion ménageant l’environnement. Cette association créée en 1984 à Hambourg associe les questions économiques, écologiques et sociales et donne à ses membres des conseils en matière d’économies d’énergie, de protection du climat et d’utilisation des ressources. Le projet de B.A.U.M. «L’industrie et le climat» explicite dans une base de données toutes les possibilités de réduction des émissions de CO2 appliquées à ce jour dans les entreprises de l’association. Avec le concours «L’employeur promouvant le mieux le vélo», l’initiative cherche à établir la bicyclette comme «le moyen de transport ménageant le mieux le climat et l’environnement sur les courts trajets».

L’effet stimulant de l’initiative est illustré par le grand nombre de distinctions qu’a obtenu B.A.U.M. depuis sa création. Dont une inscription, pour son engagement, au «Global 500 Roll of Honour» des Nations unies et le Prix allemand de l’environnement; la campagne de B.A.U.M. «Solar – na klar!» (Solaire, c’est clair!) a aussi beaucoup impressionné la Commission européenne.

L’ISE AU FRAUNHOFER

Ces dernières années, la production d’électricité solaire a connu un véritable boom en Allemagne. L’une des raisons de cette expansion fut la loi sur les énergies renouvelables (EEG) adoptée en 2000. L’autre chapitre de cette success story fut écrit par des scientifiques et des techniciens de la recherche sur le solaire high-tech – par exemple à l’ISE, l’Institut Fraunhofer sur les systèmes d’énergie solaire. Cet institut installé à Freiburg se penche sur de ­grandes questions: comment rendre l’énergie obtenue avec le soleil – l’électricité, mais aussi la chaleur et la climatisation – moins onéreuse, comment mieux l’intégrer dans le système général et comment mieux la stocker. Avec ses quelque 1100 collaborateurs, l’ISE est le plus grand institut de recherche sur le solaire en Europe. Un grand axe de travail porte sur l’amélioration du rendement des piles solaires conventionnelles au silicium. Les chercheurs réfléchissent aussi à des technologies photovoltaïques alternatives comme les piles organiques ou fonctionnant avec des colorants. L’institut fait partie de l’«Alliance Fraunhofer pour l’Energie» au sein de la­quelle 16 instituts Fraunhofer concentrent leurs efforts sur la recherche et les technologies de l’énergie. Leur objectif est de proposer des concepts et des solutions faits maison à l’industrie et aux producteurs d’énergie. Il est donc pas étonnant que l’ISE ne soit pas seulement membre fondateur de l’«Alliance Fraunhofer pour l’Energie» mais l’accueille aussi sur son site.

ALPSTAR

L‘initiative «Alpstar», créée en 2006 par la Commission internationale pour la protection des Alpes, s’est donné pour programme de rendre les Alpes neutres sur le plan climatique en créant des régions pilotes dans tous les pays alpins. Leur vision commune: un approvisionnement en énergie provenant à 100 % de la région et pour la région. Cet objectif doit être atteint en consommant moins d’énergie et en passant à des sources d’énergie «vertes». Alpstar veut développer, recueillir et évaluer des exemples de best practice de protection du climat dans les Alpes. L’Allemagne y participe avec la vallée d’Achental en Bavière. La vallée se situe au nord des Alpes bavaroises, entre Munich et Salzbourg en Autriche: c’est un paysage à la fois naturel et cultivé, avec des rivières, des lacs, des prés, des pâturages, des bois et des marais.

Pour préserver cette diversité biologique ainsi que l’attrait de cette zone de vie et de loisirs, les communes de l’Achental ont fondé en 1999 l’association «Achental, un éco-modèle». Outre un tournant énergétique au niveau régional – l’autarcie au niveau énergétique devant être atteint d’ici à 2020 –, l’association s’est donné pour objectif de préserver l’agriculture de montagne et de promouvoir des activités économiques et un tourisme ménageant l’environnement. Une première étape fut marquée en 2007 par la création du centre de biomasse d’Achental. Les combustibles à base de bois de la région y sont traités et redistribués dans la région. Depuis, nombre de foyers, d’hôtels et de bâtiments publics ont modifié leur système de chauffage.

LAMMSBRÄU

La réputation de la bière allemande s’explique aussi par le fait que les brasseries travaillent conformément à «l‘obligation de pureté» datant de 1516. Cela signifie que seuls du houblon, du malt, de la levure et de l’eau peuvent être utilisés pour fabriquer la bière. La brasserie Lammsbräu à Neumarkt/Oberpfalz, une maison fondée en 1628 et appartenant à la même famille depuis 1800, produit de manière très particulière: sa bière et toutes ses autres boissons sont entièrement fabriquées à partir d’ingrédients issus de l’agriculture biologique. Le propriétaire Franz Ehrnsperger transforma la production dans les années 1980 car il avait constaté que les matières premières de la bière avaient perdu en qualité avec l’emploi intensif de pesticides et d’engrais chimiques. Ehrnsperger mit au point un concept durable pour toute l’entreprise, allant des matières premières à la mise en bouteille. L’entreprise achète toutes ses matières premières dans la région où 4000 hectares sont cultivés écologiquement à cette seule fin. Lammsbräu est la brasserie écologique ayant le plus gros chiffre d’affaires dans le monde, sa bière est commercialisée au niveau régional et national dans les magasins bio. Aujourd’hui, quelque 90 personnes travaillent dans l’entreprise. En outre, la brasserie garantit à quelque 100 paysans bio l’achat de leur production, leur assurant ainsi des revenus supérieurs à la moyenne puisque Lammsbräu paye des prix plus élevés pour ses matières premières.

VDI-ZRE

Voiture, canette de Coca, carton de pizza, papier journal, béton pour les routes, pétrole pour le chauffage – les flux de matériaux nécessaires pour satisfaire les besoins des consommateurs dans les pays industrialisés sont énormes. Quelque 75 tonnes de ressources sont consommées chaque année par habitant en Allemagne par ces flux quand on calcule le cycle de vie complet d’un produit, depuis la production des matières premières, l’extraction de minerai par exemple, aux coûts de la décharge. Ce chiffre est le résultat d’études réalisées par l’Institut sur le climat, l’énergie et l’environnement (WI) à Wuppertal. Les chercheurs du WI montrent aussi que l’on pourrait offrir à long terme les mêmes prestations en n’utilisant qu’un dixième de ces ressources (c’est le concept «facteur 10»), de manière donc plus efficace, en ménageant l’environnement et le climat. Le gouvernement fédéral a d’ailleurs fait de l’efficience des ressources une priorité de sa politique économique et de l’environnement et l’a formulée en 2011 dans son Programme national sur l’efficience. L’efficience des ressources renforce la compétitivité, favorise l’innovation, garantit l’emploi et ménage l’environnement. Les PME/PMI, notamment, peuvent être des pionnières en la matière. Mais elles doivent pour cela être mieux informées sur les possibilités d’économiser les matières premières, une tâche que s’est donné le Centre sur l’efficience des ressources de l’association des ingénieurs allemands (VDI-ZRE), en coopération avec le ministère fédéral de l’Environnement.

Le Centre aide à trouver conseil auprès d’experts dans les do­maines les plus divers, allant des constructeurs de machines et ingénieurs en économie aux biologistes et ingénieurs des Eaux et forêts, en passant par des spécialistes de l’administration. Il in­forme sur les possibilités d’économiser par exemple 90 % des coûts d’électricité pour l’éclairage, de laquer des pièces en utilisant moins de peinture ou de multiplier par vingt l’efficacité de la production d’air comprimé. Le VDI-RZE tire un bilan positif: «la mise en pratique de mesures accroissant l’efficience peut conduire à relativement court terme à des baisses de coûts sensibles.» ▪