Laissez-vous inspirer !
Quatre bloggeuses allemandes sur la mode décrivent comment les réseaux sociaux bouleversent le secteur de la mode.
Comment les influenceurs ont-ils changé l’univers allemand de la mode ?
Victoria : Les influenceurs facilitent l’accès au marché de jeunes labels locaux. Ils élargissent l’horizon et montrent qu’il existe bien des choses à côté des marques bien implantées.
Farina : Pour bien des gens, il est plus simple de se laisser inspirer par les influenceurs. Il y a vraiment un compte pour chaque style et chaque budget.
Lena : Les influenceurs ont rendu la mode plus proche et l’ont placée à un niveau tant personnel qu‘individuel avec lequel la plupart des consommateurs peuvent s’identifier.
Maria : Avant, les tendances étaient définies par les stylistes et les maisons de couture et adaptées au marché commercial. Aujourd’hui, c’est plutôt un échange : les influenceurs ont un impact croissant sur le secteur de la mode et sont eux-mêmes influencés par la communauté.
La haute-couture devient-elle plus transparente avec les réseaux sociaux ?
Victoria : La haute-couture a longtemps eu la réputation d’être arrogante et hors-sol. Les réseaux sociaux peuvent montrer tout le processus de création à côté du produit. L’inspiration, la créativité et la passion du styliste deviennent ainsi visibles.
Farina : Les réseaux sociaux ont rendu la haute-couture accessible à la grande majorité. Je trouve ça super. La mode doit être un plaisir, pas un club exclusif.
Lena : J’apprécie le fait que, avec la démocratisation des réseaux sociaux, un plus grand nombre de gens ont aujourd’hui accès aux secteurs exclusifs. Nous pouvons ainsi nous pencher sur un plus grand nombre de sujets et cela nous permet de nous laisser ravir.
Maria : Cela fait grandir la mode, on y accorde plus d’attention au quotidien.
Y a-t-il encore des looks locaux, de Berlin, New York et Paris, ou bien la mode est-elle homogénéisée par les réseaux sociaux ?
Victoria : Je ne pense pas qu’il y ait un look global – ce serait vraiment dommage parce que la mode est tellement diverse. Je suis un grand fan du style scandinave, j’aime sa simplicité et sa décontraction que l’on retrouve de plus en plus dans les collections italiennes. Il y a plusieurs styles différents dans le monde, aux origines différentes mais qui ne sont pas liés à des frontières.
Farina : J’apprécie qu’il y ait des styles locaux. Mais cela dépend aussi des villes et de leur life style.
Lena : Berlin, New York, Paris ou Copenhague ont des styles assez différents. On constate que les comptes sur les réseaux sociaux se ressemblent de plus en plus. Personne ne prend plus le temps de trouver son propre style. Beaucoup sont plus à l’aise dans le consensus. La diversité des interprétations individuelles en souffre.
Maria : Actuellement, les styles différents existent encore. On le voit bien pendant les semaines de la mode. En Italie, les femmes s’habillent de manière plus féminine et plus conservatrice alors qu’elles s’habillent de manière plus marquante et plus minimaliste lors des fashion weeks scandinaves. Et à Berlin ? On veut surtout se faire remarquer.
Les réseaux sociaux renforcent-ils la culture du jetable ?
Victoria : C’est effectivement une évolution que j’observe d’un œil critique. Je consomme moi aussi de la fast fashion mais de manière plus réfléchie qu’il y a encore quelques années. En tant que bloggeuse, je peux montrer à mes abonnés qu’on n’est pas obligé de suivre chaque tendance.
Farina : Je pense que la mode est devenue plus éphémère avec les réseaux sociaux. Mais ils ne sont pas les seuls à faire croître notre culture du jetable. Le problème existait déjà à l’époque du téléshopping.
Lena : Avec la consommation rapide des information, notre société a peut-être désappris à aborder les thèmes de manière plus approfondie. Mais il y a aussi beaucoup de comptes qui utilisent les réseaux sociaux pour partager des messages pertinents.
Maria: La culture du jetable existait avant les réseaux sociaux, tout comme la publicité. Les réseaux sociaux ne sont donc pas meilleurs ou plus mauvais que d’autres portails de commercialisation, instrumentalisés par la publicité. Leur rapidité a aussi des avantages. Avec les retours directs, un marché de niche, comme celui des produits durables, peut croître plus rapidement.
Y a-t-il un style typiquement allemand ?
Victoria : Dans les comparaisons internationales, le style des Allemands est peut-être plus classique et plus décent. La volonté de se faire remarquer est moins marquée.
Farina : Il n’y a pas pour moi de style typiquement allemand. Aujourd’hui,en matière de mode, les Allemands sont super stylés et individuels.
Lena : Le style allemand est authentique, pas trop ludique et assez sportif. L’essentiel, c’est de ne pas se faire remarquer.
Maria : Le look pratique est pour moi typiquement allemand. Les Allemands recherchent un bon rapport qualité et s’intéressent moins aux tendances. Cela rend la mode plus fonctionnelle et minimaliste.
Interview: Kim Berg
A ne pas manquer : Victoria Nasir (torinasir) blogue du 15 au 17 janvier depuis la Berlin Fashion Week pour deutschland.de. Le lien : www.instagram.com/germany_en
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