Au début est l’électricité
Energies renouvelables en Afrique : l’entreprise germano-africaine Africa GreenTec fournit de l’électricité à des villages.
Un moment qui ravit : il fait clair à Sirakoro quand la nuit tombe. Les habitants et habitantes de ce village malien applaudissent et se réjouissent. Pour la première fois dans l’histoire de Sirakoro, il y a de grandes sources de lumière qui ne sont pas approvisionnées par des générateurs au diesel. L’énergie des lampes dans les rues est fournie par l’éolien dans des conteneurs mobiles.
Une infrastructure moderne pour fournir de l’électricité
Les « Solartainers », des installations qui peuvent être montées en 48 heures, fournissent de l’électricité propre à des villages entiers et représentent un immense changement pour les habitants et les habitantes. A Sirakoro, l’électricité est synonyme de lumière, bien sûr, mais aussi d’eau potable, de champs irrigués, de possibilités de réfrigérer et d’accès à Internet. En effet, une infrastructure moderne pour fournir de l’électricité a été installées dans le village : avec un réseau numérique utilisant la technologie de compteur intelligent, l’électricité produite est distribuée dans tout le village où elle est aussi contrôlée, surveillée et facturée de manière intelligente.
L’Allemand Torsten Schreiber et sa femme Aida Schreiber, née au Mali, en ont eu l’idée en 2016. Le couple créa alors l’entreprise solaire Africa GreenTec (AGT) qui veut fournir de l’électricité à plus de 3 millions de personnes en Afrique et, ainsi, offrir de nouvelles perspectives à l’économie locale.
« Imagine que tu veuilles créer ton entreprise artisanale dans un village africain et que tu n’as pas accès à une électricité constante. Ton seul recours est un générateur au diesel. En raison du manque d’infrastructure dans ton pays, le diesel est cher et difficile à obtenir. Le générateur sent mauvais, est bruyant et pollue l’environnement et tes voisins immédiats. Les jeunes, notamment, n’ont donc aucune perspective professionnelle. Nous changeons cette situation et ouvrons des perspectives à des milliers de gens et toute une génération », dit Aida Schreiber.
Un financement participatif
Concrètement, l’idée fonctionne ainsi : Africa GreenTec vend ses Solartainers valant quelque 150.000 euros et l’électricité ainsi produite à la communauté villageoise. Si elle n’a pas l‘argent nécessaire, AGT crée une société d’exploitation qui préfinance l’achat et vend l’électricité. L’entreprise assure une partie de son financement grâce au financement participatif auquel chacun peut contribuer. Le produit est monté par des collaborateurs de l’entreprise vivant en majorité dans les pays où Africa GreenTec travaille actuellement. Outre le Mali, ce sont le Niger, le Tchad, Madagascar et le Sénégal. De nouveaux emplois naissent dans les villages électrifiés pour les personnes qui s’occupent des installations de cette entreprise sociale germano-africaine.
Ensuite, Torsten et Aida Schreiber aimeraient transférer la production et l’administration vers l’Afrique. AGT construira pour cela un nouveau siège climatiquement neutre au cours des trois prochaines années à Dakar, la capitale du Sénégal. Ces six dernières années, l’entreprise a électrifié plus de 20 villages et permis à plus de 100.000 personnes d’avoir accès à une électricité propre, constante et comparativement bon marché.
Irriguer les champs, réfrigérer les récoltes
Les Solartainers ont une capacité de 50 kWc chacun et fournissent en moyenne de l‘électricité solaire à 400 ménages, 40 P.M.E. et dix établissements sociaux. A côté de ces conteneurs solaires, AGT vend ou loue des systèmes de traitement des eaux, des pompes à eau et des entrepôts frigorifiques. Les paysans et paysannes, par exemple, peuvent ainsi irriguer plus facilement leurs champs et mieux réfrigérer leurs récoltes. Ils peuvent même utiliser l’électricité le soir avec des batteries au lithium qui la stockent. Demain, on pourrait recourir aux accumulateurs de seconde vie des voitures électriques dont les batteries pourraient ainsi être utilisées plus longtemps.
Nombre de personnes dans les villages isolés de la zone du Sahel ont ainsi l’opportunité de se créer une existence. Nassou Oumar, dans le village malien de Djioliba, ne voyait par exemple aucun avenir dans sa patrie et voulait partir en Europe. Puis il apprit qu’il y aurait un approvisionnement en électricité dans son village, y resta et fonda plusieurs entreprises ayant quelque 50 salariés. « L’électricité est au début de tout », écrit-il sur le site web d‘AGT.