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Plus de liberté ici, moins de pression là

En Allemagne le monde du travail change. Quelle influence cela a-t-il sur les gens ? Le commentaire d’une psychologue sur le travail à domicile et la numérisation.

09.11.2018
New Work : travailler où et quand l’on veut.
New Work : travailler où et quand l’on veut. © Gpoint Studio

Julia Scharnhorst est psychologue diplômée, Master of Public Health et psychothérapeute. Elle se consacre à la santé mentale sur le lieu de travail.

Madame Scharnhorst, le travail à domicile est-il une grande liberté pour les gens ayant un emploi de bureau ?
Pour beaucoup d’entre eux, le travail à domicile est très attractif : ils n’ont plus à se rendre sur leur lieu de travail, peuvent travailler sans être dérangés et peuvent  gérer librement leur temps de travail. Il est aussi plus facile de s’occuper des enfants. Par contre, il y a le risque d’être coupés du flux d’informations et de l’équipe. Le travail à domicile peut également favoriser la mentalité de franc-tireur. C’est pourquoi il est judicieux de ne pas transférer complètement le travail des employés à domicile mais de le limiter à quelques jours.  

Julia Scharnhorst est experte en psychologie de la santé
Julia Scharnhorst est experte en psychologie de la santé © privat

La génération Y réclame un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée. Les entreprises réagissent avec des modèles de travail plus souples. Jusqu’où cela doit-il aller ?
Une certaine liberté pour gérer les tâches et le choix du temps et du lieu de travail est favorable à la santé mentale. Des directives strictes et des structures rigides causent davantage de stress et des troubles psychologiques. Toutefois, les entreprises doivent veiller à ce que le personnel travaillant beaucoup à domicile soit suffisamment intégré. Il est important qu’il soit également reconnu et estimé.

Tout ce qui est techniquement possible n’est pas forcément compatible avec une forme humaine d’aménagement du travail. 
Julia Scharnhorst, psychologue spécialiste du travail

Les ouvriers sont plutôt confrontés à travailler à l’avenir en collaboration avec des robots. Quels défis voyez-vous dans la numérisation?
La numérisation va avoir un effet sur tous les postes de travail. Il faut s’attendre à ce que la charge mentale augmente car il faudra que les employés soient plus concentrés et plus attentifs. Il y a également un danger de surmenage causé par la concentration du travail et trop d’informations. La numérisation va souvent de pair avec une autonomie réduite car l’ordinateur a déjà pris toutes les décisions et l’homme n’a plus qu’à les appliquer.   

La numérisation soulève des questions éthiques graves car tout ce qui est techniquement possible n’est pas forcément compatible avec une forme humaine d’aménagement du travail. Le travail et la performance sont de plus en plus facilement contrôlables. Cela augmente la pression sur le personnel. 

En comparaison avec le reste du monde, où en est l’Allemagne pour ce qui est des structures de travail modernes ?
Sur le plan purement technique, il serait déjà possible d’appliquer davantage de possibilités de numérisation. Mais en Allemagne la législation de protection de l’emploi et les syndicats empêchent un trop grand contrôle et une commande trop forte des salariés. Dans les pays n’ayant pas de telles lois, il arrive même que l’on mesure le temps que les salariés passent aux toilettes ou que chaque geste soit commandé par un ordinateur. En Allemagne, cette forme de contrôle des performances n’est pas autorisée.   

Interview : Martin Orth

© www.deutschland.de

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