Aller au contenu principal

Après l’échec de la « Jamaïque »

Que va-t-il se passer en Allemagne après l’échec des pourparlers entre la CDU/CSU, le FDP et Les Verts ? Quelques grandes questions et leurs réponses.

21.11.2017
La chancelière et le président fédéral s’entretiennent le 20 novembre.
La chancelière et le président fédéral s’entretiennent le 20 novembre. © dpa

Pourquoi l’Allemagne n’a-t-elle toujours pas de gouvernement huit semaines après les élections au Bundestag ?

Tard le soir du 19 novembre, le FDP a rompu les négociations avec la CDU, la CSU et Les Verts sur une coalition « jamaïcaine » après quatre semaines de négociations intenses. Plus de 237 points, dont des « questions essentielles », ont été contestés jusqu’à la fin, dit le FDP. Les autres parties prenantes aux négociations ne sont pas de cet avis. Et pourtant : sans le FDP,  pas de coalition « jamaïcaine ».

Le gouvernement actuel peut-il encore travailler ?

La chancelière et les ministres actuels constituent un gouvernement par intérim et ont ainsi légalement les mêmes compétences qu’un gouvernement « normal ». Mais, jusqu’à présent, la pratique voulait qu’on ne prenne pas de décisions d’envergure qui lieraient le gouvernement à venir. L’Etat doit de toute façon agir au niveau législatif pour les grandes décisions, il a donc besoin d’une majorité au Parlement. La Loi fondamentale répond à la question de ce qui se passe lorsque le Parlement ne parvient pas à établir un budget pour l’année suivante. Selon son article 111, le gouvernement fédéral peut « exécuter toutes les dépenses nécessaires pour maintenir les organismes existant légalement et les mesures légalement adoptées ». Dans tous les cas, le gouvernement fédéral reste en fonction jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement.

Que dit Angela Merkel ?

Le 20 novembre au soir, elle s’est longuement exprimée dans une interview de la télévision allemande. Elle est sceptique envers un gouvernement minoritaire. Elle estime que de nouvelles élections sont la meilleure solution et propose sa candidature. Il y a un an, elle déclarait qu’elle postulait pour une nouvelle législature, « ce serait bizarre » de dire soudainement aux électrices et aux électeurs, deux mois après les élections, qu’elle se retire.

Quel est l’inconvénient d’un gouvernement minoritaire ?

Gouverner en étant minoritaire est un dur travail. Ne disposant pas d’une majorité parlementaire, le gouvernement doit rechercher de nouvelles majorités pour chaque décision. Un projet ardu exigeant une grande propension à la discussion et au compromis. Or Angela Merkel apprécie la stabilité et la prévisibilité, qui ne seraient pas données dans un gouvernement minoritaire. A ce jour, cela n’a existé au niveau fédéral en Allemagne que très brièvement et dans un cas exceptionnel, par exemple à la fin d’une coalition.

Que va-t-il maintenant se passer ?

Le président fédéral Steinmeier a annoncé le 20 novembre au cours d’une allocution qu’il parlerait avec les chefs de tous les partis – y compris le SPD qui refuse la poursuite de la grande coalition qui existait ces quatre dernières années. M. Steinmeier attend « de tous une volonté de dialogue pour permettre la formation d’un gouvernement dans un délai raisonnable ».  

S’il y a de nouvelles élections, comment cela fonctionnera-t-il ?

Le président fédéral Frank-Walter Steinmeier doit dans tous les cas proposer au Bundestag un candidat ou une candidate à l’élection à la Chancellerie. Si le Parlement n’accepte pas sa proposition à la majorité absolue au premier tour, d’autres tours ont lieu dans les deux semaines suivantes, qui exigent également une majorité absolue. Ce n’est que lorsqu’il n’y a toujours pas de décision qu’il y a un nouveau tour n’exigeant qu’une simple majorité pour l’élection à la Chancellerie. Le président fédéral pourrait alors nommer la personne élue chancelier/ière. L’alternative : il peut dissoudre le Bundestag, entraînant ainsi de nouvelles élections au Bundestag. Celles-ci doivent alors se dérouler dans les 60 jours.

Qu’en pensent les Allemands ?

Un sondage-éclair d’ARD-Deutschlandtrend montre que 57 % des citoyennes et des citoyens regrettent qu’une « coalition jamaïcaine » ne se forme pas. Si une grande coalition est impossible, 63 % des sondés sont en faveur de nouvelles élections ; 29 % sont favorables à un gouvernement minoritaire.

© www.deutschland.de