Des réponses au « changement d‘époque »
L’Allemagne, avec ses partenaires de l’UE et de l’OTAN, se repositionne en ce qui concerne la politique de sécurité et de défense.
Le chancelier Olaf Scholz qualifie la guerre contre l’Ukraine de « changement d‘époque ». Fin février, trois jours après l’agression lancée par le président de la Russie Vladimir Poutine contre son pays voisin, le chancelier a déclaré lors d’une déclaration gouvernementale « que le monde d’après n’est plus le même que celui d’avant ». Le changement de politique en matière de sécurité et de défense montre tout particulièrement à quel point le monde a changé. Dans ce contexte, l’Allemagne se met d’accord avec ses partenaires de l’UE et de l’OTAN ou aussi du G7.
Des milliards investis dans la Bundeswehr
Dans sa déclaration gouvernementale fin février, Scholz avait déjà annoncé un fonds spécial unique d’un montant de 100 milliards d’euros. « L’objectif est d’avoir une Bundeswehr performante, ultramoderne, progressiste qui nous protège de manière fiable » a déclaré le chancelier. Cet argent doit servir essentiellement à financer d’importants projets d’équipement. Pour la création de ce fonds spécial, il est prévu de modifier la Loi fondamentale qui est la Constitution allemande. Pour cela, il faut une majorité de deux tiers au Bundestag allemand.
En outre, le gouvernement veut augmenter le budget consacré à la défense, avec pour objectif que, chaque année, plus de deux pour cent du produit intérieur brut soit affecté à la Défense. Il s’agit également d’un objectif de l’OTAN pour tous les Etats membres.
Le rôle central de l‘OTAN
L’Alliance pour la sécurité, qui compte 30 Etats dont les Etats-Unis et de nombreux Etats européens, a un rôle central à jouer. L’alliance renforce actuellement la présence de ses troupes en Europe de l’Est. L’Allemagne y participe également : des unités de défense aérienne de la Bundeswehr sont par exemple transférées en Slovaquie.
L’Allemagne fait partie depuis 1955 de l’Alliance créée en 1949. Pour tous les Etats membres, la situation réglementée par l’article 5 du traité de l’OTAN est d’une importance capitale : « Les parties conviennent qu’une attaque armée contre l’une ou plusieurs d’entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties ». Le gouvernement fédéral a souligné à maintes reprises, notamment en ce qui concerne les Etats d’Europe de l’Est, que l’Allemagne adhérait sans réserve à ce devoir d’assistance.
Une nouvelle politique de l’UE en matière de sécurité
Au sein de l’union européenne également, la future stratégie en matière de politique de sécurité se place au premier plan. Mi-mars, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des 27 Etats membres de l’UE, ont décidé, dans le cadre d’un nouveau concept, de mettre en place une nouvelle force militaire d’intervention. Cette formation multinationale qui comptera jusqu’à 5 000 soldats doit être opérationnelle en 2025 au plus tard. L’Allemagne a proposé de fournir le noyau de la force d’intervention prévue. La « boussole stratégique » prévoit aussi explicitement que la politique de sécurité et de défense de l’UE soit complémentaire à celle de l’OTAN.
Livraisons d’armes à l‘Ukraine
En livrant des armes antichars et des missiles sol-air à l’Ukraine, le gouvernement fédéral a aussi opéré un changement de cap en matière de politique étrangère. La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock a déclaré à ce sujet : « Il s’agit d’une guerre qui nécessite que nous revoyions les fondements de notre politique étrangère ». Tout comme le chancelier Scholz, elle a souligné que « si notre monde est différent, il faut aussi que notre politique le soit ».
Une stratégie nationale de sécurité
La guerre en Ukraine influence également le travail sur une stratégie nationale de sécurité que veut élaborer le gouvernement fédéral. Lors d’une manifestation de lancement de la nouvelle stratégie, la ministre fédérale des Affaires étrangères Baerbock a fait la promotion d’une « compréhension globale de la sécurité ». Cela comprend par exemple des mesures contre le changement climatique ou, concrètement, un développement des énergies renouvelables. Baerbock exhorte : « si nous voulons prouver que l’idée libérale est plus forte que les régimes autoritaires, nous devons alors appliquer nos principes d’une manière encore plus performante en politique pratique : par une attitude claire, une action décidée et avec des instruments agiles, efficaces et en phase avec notre époque ».