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« Les résultats de la recherche doivent être appliqués »

Comment l’Allemagne favorise-t-elle le transfert de savoir en pratique ? Un entretien avec Mario Brandenburg, secrétaire d’État au sein du ministère fédéral de l’Éducation et de la Recherche. 

Klaus LüberKlaus Lüber, 26.06.2024
Mario Brandenburg, secrétaire d’État du BMBF
Mario Brandenburg, secrétaire d’État du BMBF © Presse- und Informationsamt der Bundesregierung

Monsieur le secrétaire d’État Brandenburg,que fait l’Allemagne pour encourager en pratique le transfert de savoir ?
La recherche et le développement (R&D) sont essentiels pour notre prospérité et la compétitivité internationale de l’Allemagne. C’est pourquoi nous maintenons notre objectif ambitieux de faire passer la part des dépenses pour la recherche et le développement dans le produit intérieur brut à 3,5 % d’ici 2025. Avec un taux de R&D de 3,13 pour cent en 2022, l’Allemagne fait déjà partie des pays en Europe avec les dépenses de R&D les plus élevées. Et nous continuons, car les résultats de la recherche et des sciences doivent aussi être appliqués et déployer leur effet dans la société et l’économie. Il convient donc de faire avancer de manière encore plus conséquente le transfert des résultats de la recherche vers leur mise en pratique. C'est pourquoi le transfert est également une tâche transversale centrale de la stratégie d’avenir pour la recherche et l’innovation. L’objectif : créer une nouvelle culture du transfert et de la création. Avec DATIpilot et la DATI, nous faisons un grand pas dans la bonne direction. 

Quels sont les principaux objectifs le l’Agence pour le Transfert et l’Innovation (DATI) ?
La DATI a pour objectif de transférer rapidement et efficacement les résultats de la recherche appliquée des universités et instituts scientifiques allemands vers l’application et de renforcer la culture du transfert dans toute l’Allemagne. Elle doit pour cela développer des offres de promotion adaptées aux besoins et d’autres offres de soutien au transfert - par exemple en informant et en conseillant les acteurs du transfert et en les mettant en réseau de manière ciblée. Pour ce faire, la DATI doit adopter une approche aussi ouverte que possible, en impliquant tous les acteurs du transfert et de l’innovation à l'échelle fédérale et en tenant compte non seulement des innovations technologiques, mais aussi des innovations sociales. Elle travaillera également en étroite collaboration avec les structures du système de transfert et d’innovation afin de s’intégrer dans l’écosystème de transfert existant. Globalement, la DATI doit contribuer de manière décisive à la résolution des problèmes économiques, sociaux et écologiques en Allemagne.

Quels sont les exemples de succès qui existent déjà dans le domaine du transfert de connaissances ?
Il existe de nombreux exemples de transferts réussis en Allemagne. La directive de promotion DATIpilot, avec laquelle nous avons créé une énorme demande dans l’ensemble de la communauté du transfert de connaissances, de technologies et d’innovations en Allemagne, montre également le besoin de promotion du transfert. Nous avons reçu près de 3000 esquisses de sprints d’innovation, c’est-à-dire de projets de transfert rapide, et près de 500 concepts de communautés d’innovation. La DATI va se baser sur cette dynamique. Un exemple de transfert réussi est le développement d’un vaccin à ARNm pendant la pandémie de COVID-19. L’entreprise Biontech, qui a permis à des personnes du monde entier de retrouver une vie normale grâce au développement de son vaccin contre le coronavirus, est passée du statut d’ancienne lauréate de l'« Offensive de création d’entreprises en biotechnologie » (GO-Bio) lancée par le ministère fédéral de l'Éducation et de la Recherche (BMBF) à celui d’une des plus grandes entreprises de biotechnologie en Allemagne. 

Comment soutenir les start-ups et les innovations par le transfert de connaissances afin de renforcer le potentiel d’innovation en Allemagne ?
Pour renforcer l’écosystème des start-ups, le gouvernement fédéral a décidé pour la première fois d’une stratégie compète pour les start-ups. La stratégie met notamment l’accent sur les créations d’entreprises innovantes et en particulier sur les essaimages de notre système scientifique. Souvent, ces dernières sont confrontées à des défis particuliers, comme le transfert des droits de PI des institutions scientifiques. Nous souhaitons les aider de manière ciblée sur ce point. Dans le projet pilote « IP-Transfer 3.0 » financé par le BMBF et mené par l’Agence fédérale pour les innovations disruptives, SPRIND GmbH, des institutions scientifiques développent et mettent en œuvre de nouveaux modèles pour un transfert de PI plus efficace et essaient des approches rarement ou pas encore utilisées, par exemple le modèle de participation virtuelle. 

Quelle est l’importance de la coopération internationale pour le transfert de connaissances ?
Nous faisons face à des défis mondiaux d’envergure. Pour y participer activement et pour maintenir et développer notre souveraineté technologique, il est essentiel pour nous d’être intégrés dans les flux de connaissances et les processus d’innovation mondiaux. L’Allemagne entretient un grand nombre de coopérations scientifiques et de recherche réussies avec des pays de l’UE et du monde entier. Nous souhaitons ainsi assurer et renforcer la capacité d’innovation de l’Allemagne et de l’Europe. Dans le même temps, nous devons réduire le risque de fuite indésirable pour les technologies sensibles.