Qu’a-t-il à nous dire aujourd‘hui ?
Que signifie la philosophie de Karl Marx pour le monde du travail moderne ? Un regard sur l’industrie 4.0, « New Work » et la connexion permanente au réseau.
Karl Marx et l‘industrie 4.0 : tout devient plus facile ?
Quel changement ! Si, à l’époque de Karl Max, le travail en usine était souvent harassant, l’industrie 4.0 numérisée assume toujours plus de tâches dans les pays industrialisés. Des robots intelligents exécutent les tâches les plus dures, des systèmes d‘assistance aident à prendre les décisions. Faut-il alors discuter encore avec Marx? Oui, dit son biographe Jürgen Neffe : « Chez Marx, le travail est la seule source de valeur. Et si nous l’éliminons peu à peu avec l’industrie 4.0, le big data et les robots, nous devrons repenser entièrement le système ». Avec par exemple des impôts sur les machines et un revenu universel, estime M. Neffe. Tout cela est directement ou indirectement présent dans la philosophie marxiste – tout comme la question éminemment actuelle de savoir si nous vivons pour travailler ou si nous travaillons pour vivre. »
Vidéo sur Karl Marx et le « travail aliéné » :
Karl Marx et le « New Work » : une nouvelle liberté ?
Thomas Sattelberger, un représentant du mouvement « New Work » qui promeut la flexibilité, cite volontiers Karl Marx : « Une nation est véritablement riche quand on y travaille six heures au lieu de douze. » La richesse est surtout « du temps disponible ». M. Sattelberger souligne la signature de la convention collective, très remarquée, du Syndicat de l’industrie métallurgique allemande (IG Metall) en février 2018. L’un de ses grands points : les salariés ayant des enfants en bas âge, soignent des parents âgés ou travaillent en poste peuvent désormais choisir entre plus d’argent ou plus de temps libre.
Karl Marx et la numérisation : comme il y a 200 ans ?
Le professeur d’université spécialiste de l‘informatique Timo Daum a écrit une réponse très discutée à Karl Marx, « Das Kapital sind wir. Zur Kritik der digitalen Ökonomie » (Le capital, c’est nous. Une critique de l’économie numérique). On y lit : « Les heures supplémentaires, être toujours joignable, l’effacement des frontières entre le travail et la vie privée caractérisent un monde du travail marqué par les ordinateurs et la communication numérique. Les sirènes d’usine, aujourd’hui largement disparues, marquaient une séparation nette entre l’univers du travail et le temps libre. Aujourd’hui, les limites sont floues et indistinctes, le temps libre est devenu une mise en veille. » On pourrait avoir encore besoin d’un Karl Marx bicentenaire demain.