L’article 2 : la liberté de s’épanouir
Philosophe Albert Kitzler : Le cadre pour se trouver.
A propos de l’article 2 de la Loi fondamentale, je pense à deux phrases qui ont une importance existentielle pour ma vie. L’une dit que l’inépuisable énergie créatrice de Goethe s’expliquait par une « soif d’apprendre toujours renouvelée, tournée vers l’intérieur et l’extérieur », et profondément enracinée dans sa personnalité. Pour lui, l’éducation était synonyme d’élargissement de son savoir et de formation de la personnalité. Son existence s’y parachevait. Depuis, j’associe cette idée à celle du bonheur et de l’accomplissement. Elle est devenue la maxime de mon cheminement.
La deuxième phrase va dans la même direction et a été formulée il y a 2500 ans par le poète grec Pindare : « Deviens qui tu es sur la base de l’expérience. » Il associe l’idée de l’éducation à la personnalité unique de chacun, soulignant que celle-ci ne peut s’accomplir qu’en interaction permanente avec les activités pratiques et les expériences ainsi faites. Ce n’est qu’ainsi que l’on se trouve, dans le cocon protecteur de notre être.
Mon trajet a été long, riche en détours, tournants et chemins de traverse, pour parvenir à satisfaire l’injonction de Pindare. Je ne distingue pas la fin du trajet et il me semble que la destinée véritable de l’être est cette marche ouverte, curieuse et grandissante au cours de laquelle je me redécouvre sans cesse ainsi que le monde.
C’est le droit fondamental « au libre épanouissement de sa personnalité » qui permet cette marche en avant. « Libre » signifie que chacun doit être le directeur de sa vie intérieure et extérieure, choisissant où elle le mène. La mission de l’Etat est d’en créer les meilleures conditions-cadres et bases socio-économiques possibles. Il doit proposer au plus grand nombre de gens possible autant de domaines d’épanouissement que possible afin qu’ils puissent réaliser leurs potentiels et, ainsi, trouver leur bonheur. Ici, l’Etat touche à des limites factuelles et économiques.
Aucune liberté n’est absolue ou illimitée. Mais chacun peut épanouir sa personnalité dans le cadre de ces limites, devenant ainsi qui il est. Il ne peut certes le faire que là où l’Etat lui accorde le droit fondamental d’épanouir sa personnalité en toute responsabilité, comme le fait l’article 2 de la Loi fondamentale allemande.
« Quand un homme est en possession de lui-même et ne peut pas s’épanouir : c’est cela la détresse. » Zhuangzi, (env. 365-290 avant J.-C., philosophe chinois)
Loi fondamentale de la République fédérale d’Allemagne , article 2
(1) Chacun a droit au libre épanouissement de sa personnalité pourvu qu’il ne viole pas les droits d’autrui ni n’enfreigne l’ordre constitutionnel ou la loi morale.
(2) Chacun a droit à la vie et à l’intégrité physique. La liberté de la personne est inviolable. Des atteintes ne peuvent être apportées à ces droits qu’en vertu d’une loi.
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