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Politique étrangère féministe : renforcer l’égalité des droits

Annalena Baerbock, la ministre des Affaires étrangères et Svenja Schulze, ministre de la Coopération et du Développement exposent les lignes directrices pour une politique étrangère et de développement féministe.

01.03.2023
Weltweit die Gleichberechtigung stärken
© picture alliance/dpa

À l’avenir, la politique étrangère et de développement allemande s’orientera davantage sur des critères féministes pour renforcer l'égalité des droits et la participation égale tout comme la paix et la sécurité dans le monde entier. Dans ce sens, Annalena Baerbock, la ministre des Affaires étrangères et Svenja Schulze, ministre de la Coopération et du Développement ont présenté un catalogue de 80 pages décrivant les lignes directrices d’une politique étrangère féministe. Et il ne s’agit-là pas d’une « politique étrangère pour les femmes, mais pour l’ensemble des membres de la société », comme l’a souligné Baerbock.

Qu’est-ce qu’une politique étrangère féministe ?

La Suède fait office de précurseur en matière de politique étrangère féministe, car le pays pratique déjà une politique étrangère féministe, comme un petit nombre d’autres États. Le Canada, la France, le Luxembourg, le Mexique et l’Espagne poursuivent également de façon explicite une politique étrangère féministe. Par le passé, l’Allemagne s’est fortement engagée pour les droits des femme, des filles et la sensibilité de genres dans le cadre de sa politique étrangère et de développement. Les nouvelles directives doivent désormais permettre de mettre en œuvre de manière plus décisive et plus ciblée cet engagement international en faveur de l’égalité des sexes et de la participation égale.

Kristina Lunz du Centre for Feminist Foreign Policy fait partie en Allemagne des pionnières de la politique étrangère féministe. Selon elle, une réorientation devient nécessaire aussi au vu des guerres et conflits : « Les approches traditionnelles de la politique étrangère et de développement ont seulement conduit au fait que le nombre de conflits dans le monde a doublé ces dernières années », déclare K. Lunz à la chaîne de télévision allemande ARD. Baerbock souligne : le concept est une partie intégrante de la politique étrangère guidée par des valeurs et doit se refléter également dans la stratégie de sécurité nationale, « dans le sens d’une compréhension globale de la sécurité ».

Quels rôles ont les femmes dans la paix et la sécurité ?

Dans beaucoup de secteurs en crise, les femmes fournissent un travail important : Elles créent des espaces protégés, s’engagent contre la violence et dénoncent ce qui est inacceptable. Sans les protestations courageuses des femmes biélorusses ou iraniennes, ces répressions n’auraient pas eu la même place dans l’opinion publique. L’Allemagne s’engage donc avec sa politique pour la mise en œuvre de l’agenda « Femmes, pays, sécurité » des Nations Unies et a décidé de mesures nationales correspondantes.

Déjà dans le contrat de coalition, en 2021, le gouvernement composé du SPD, des Verts et du FDP avait déterminé ce qui suit : « Avec nos partenaires, nous voulons renforcer les droits, ressources et la représentativité des femmes et des filles dans le monde dans le sens d’une Feminist Foreign Policy et encourager la diversité sociale. Nous voulons davantage de femmes aux postes à responsabilité, mettre en œuvre et développer le plan d’action national de mise en œuvre de la résolution 1325 de l’ONU. »

Qu’est-ce qui change dans la politique étrangère ?

Selon Baerbock, l’objectif de la politique étrangère féministe est, d’ici la fin du mandat, de dépenser 85 % du budget de projet de manière « genrée » pour que les intérêts des femmes soient aussi intégrés. Ainsi, pour l’aide humanitaire, par exemple, il faut prendre en compte le fait que les femmes ont besoin d’autres articles d’hygiène que les hommes. Deux tiers du budget global d’environ 7,5 milliards d’euros sont consacrés aux projets, à savoir donc 5 milliards d’euros qui devront à l’avenir être dépensés sous la devise « Gender-Budgeting ».

Six lignes directrices pour une politique étrangère féministe prévoient que : « Nous intégrons les perspectives des femmes et des groupes marginalisés dans notre travail mondial pour la paix et la sécurité. » Le rôle central des femmes dans la politique climatique est également souligné : les femmes et les groupes sociaux divers sont des « acteur·rices et leaders de premier ordre pour notre diplomatie sur le climat et l’énergie ». De plus, les effets de la crise climatique sur les femmes doivent être compensés. Selon les Nations unies, en 2021 jusqu’à 80 % des personnes qui ont dû fuir en raison de catastrophes climatiques étaient des femmes.

Quels rôles ont les femmes dans au ministère des Affaires étrangères ?

La réorientation a également des conséquences concrètes au sein du ministère des Affaires étrangères :  un poste d’« ambassadrice du ministère des Affaires étrangères pour la politique étrangère féministe » doit être créé pour œuvrer surtout vers l’intérieur. « Nous allons travailler dur pour donner à notre ministère des Affaires étrangères un visage plus féminin et augmenter la part de femmes occupant des postes de direction », a annoncé la ministre.

Quand les femmes bénéficient des mêmes droits et endossent les mêmes responsabilités, il y a moins de pauvreté, moins de famine et plus de stabilité dans le monde.
Svenja Schulze, ministre allemande de la Coopération et du Développement

À quoi ressemble la future politique de développement féministe ?

« Quand les femmes bénéficient des mêmes droits et endossent les mêmes responsabilités, il y a moins de pauvreté, moins de famine et plus de stabilité dans le monde », tels sont les mots utilisés par Schulze, la ministre de la Coopération et du Développement, pour décrire l’approche. Ses directives prévoient que, d’ici 2025, plus de 90 % des budgets de projet nouvellement alloués soient attribués à des projets qui font avancer l’égalité des droits. Le concept de la politique de développement féministe doit s’ancrer dans la coopération avec les pays partenaires. Au moins 50 % des postes de direction au ministère doivent être occupés par des femmes.

(avec la dpa)