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« Nous devons nous adapter afin de devenir résistants »

Les conditions météorologiques extrêmes sont de plus en plus fréquentes et dévastatrices. Comment nous adapter aux effets du changement climatique : c’est le thème de recherche de l’hydrologue Harald Kunstmann. 

Anja LeuschnerAnja Leuschner , 30.09.2024
Harald Kunstmann, directeur du Centre pour la résilience climatique de l’Université d’Augsbourg
Harald Kunstmann, directeur du Centre pour la résilience climatique de l’Université d’Augsbourg © KIT

Professeur Kunstmann, pourquoi devons-nous nous préoccuper des questions relatives à la résilience climatique ?
Nous devons nous adapter afin de devenir résistants face aux effets du changement climatique et limiter ainsi les dommages. Nous parlons ici de dommages économiques et sanitaires, mais aussi de répercussions sur l’environnement. Il s’agit de liens très complexes. Nous ne traitons pas seulement des questions directes relatives à l’environnement, mais réfléchissons aussi à la manière dont l’économie doit être adaptée ou au cadre juridique requis pour parvenir à une résilience climatique. La réduction de nos émissions de gaz à effet de serre, en tant que cause du changement climatique d’origine humaine, n’en est pas moins importante pour autant. 

Comment les régions peuvent-elles devenir plus résistantes face aux conditions météorologiques extrêmes futures ?
Je suis hydrologue et je peux essentiellement parler du thème de l’eau. D’une part, il nous faut mettre en place une bonne protection contre les inondations et, d’autre part, mieux nous préparer à la sécheresse et aux vagues de chaleur. Dans ce contexte, les mots clés sont les villes éponges et les paysages éponges : dans ces zones, l’eau n’est pas simplement évacuée, mais elle peut mieux s’infiltrer dans le sol. Cela favorise le renouvellement de la nappe phréatique, laquelle nous est indispensable en période de sécheresse ou de canicule. Bien entendu, dans le cas d’un seul parking où l’eau peut bien s’infiltrer, l’effet reste faible dans un premier temps. Si nous voulons obtenir un enrichissement significatif de la nappe phréatique, nous avons besoin de grandes surfaces qui soient aménagées en tant que paysages éponges. Cependant, de nombreuses terres agricoles sont dotées de systèmes de drainage afin que les champs soient rapidement vidés de leur eau, car trop d’eau peut entraîner des pertes de rendement.   

 

Kunstmann à la conférence des Nations unies sur le climat en 2022.
Kunstmann à la conférence des Nations unies sur le climat en 2022. © Harald Kunstmann

Quels sont les obstacles à surmonter pour parvenir à la résilience climatique ?
Il est extrêmement difficile, voire impossible, de réaménager ultérieurement des structures existantes comme les villes. Par contre, il est plus facile de tenir compte directement des aspects de l’adaptation au climat lors de la planification de nouveaux projets ; par exemple, on peut prévoir des surfaces non imperméabilisées, des toits verts, des ombrages ou des bassins de stockage d’eau. Il y a aussi des obstacles politiques parce que la législation fait défaut ou en raison des lois existantes qui compliquent la mise en œuvre de mesures d’adaptation au climat. Mais j’ai l’impression que l’UE prend la bonne voie, dans l’ensemble, avec ses objectifs en matière de protection du climat et que nous en profitons aussi en Allemagne. 

 

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Le professeur Harald Kunstmann est directeur du Centre de résilience climatique de l’Université d’Augsbourg depuis 2021.