Volodymyr Kudrytskyi ou l’énergie en temps de guerre
Comment le CEO du fournisseur d’électricité Ukrenergo tente de maintenir le réseau électrique ukrainien en état de fonctionnement.
Volodymyr Kudrytskyi regarde la caméra en souriant. Il vient de signer un contrat de plus de 45 millions d’euros en présence de la ministre allemande du Développement, Svenja Schulze. C’est la somme que lui a accordée l’Allemagne pour la reconstruction du système énergétique ukrainien, un des différents versements des dernières années. Nous sommes le 9 mai 2024 et Kudrytskyi dirige le plus grand fournisseur d’électricité Ukrenergo du pays.
Il est à la tête de l’entreprise depuis 2020 et depuis lors, il est en situation de crise. Il a d’abord dû gérer la pandémie de coronavirus, c’est-à-dire passer toutes les opérations « à distance » en un temps record. Ensuite, la Russie a attaqué son pays et l’infrastructure énergétique ukrainienne est devenu une cible particulièrement intéressante. Il ne se passe presque aucune nuit sans que la Russie n’attaque des centrales, des postes de transformation ou des poteaux électriques avec des drones ou des missiles. Cela fait partie de la guerre contre les civiles et l’infrastructure. Beaucoup peuvent être interceptés mais beaucoup ne peuvent l’être. C’est pourquoi la reconstruction du réseau électrique est devenu une mission de longue durée.
Près de 1 500 spécialistes interviennent sans relâche au sein d’unités mobiles. « Nous travaillons si nécessaire 24/24h 7/7j », explique Kudrytskyi. En prenant de grands risques pour leur vie, ils tentent d’éliminer aussi rapidement que possible les dommages causés après les attaques. « C’était un immense effort après le premier hiver. » En effet, alors, 60 % des installations de production électrique étaient soit endommagées soit détruites. « Miraculeusement », 95 % du réseau a été réparé avant la prochaine période hivernale. Ainsi, l’Ukraine a pu passer l’hiver sans encombre. Mais en mars 2024, les installations électriques ont de nouveau été massivement bombardées.
C’est pour cela que le soutien de l’établissement de crédit allemand pour la reconstruction, la KfW, sur ordre du gouvernement fédéral, est « vital » pour le chef d’Ukrenergo. Sans les aides financières internationales, « nous n’aurions pas pu passer les deux derniers hivers », déclare-t-il. Malgré tout, Kudrytskyi ne perd pas espoir : Durant toute son histoire, l’Ukraine a affronté de nombreuses difficultés. Et encore aujourd’hui. C’est pourquoi « nous allons devoir obtenir de haute lutte la liberté, l’indépendance et la démocratie ». Pour cela, il tient le front de l’énergie.