« Etre clair »
Après l’attentat de Hanau la société civile et le milieu scientifique appellent à réagir avec fermeté contre le racisme d’extrême droite.
Le milieu politique et la société en Allemagne se sont montrés fortement concernés et atterrés face à l’attentat d’extrême droite commis à Hanau. Jeudi dernier, un Allemand de 43 ans a tué neuf personnes à Hanau. Après cela, le tireur sportif a également tué sa mère de 72 ans et lui-même. Selon les conclusions actuelles, l'auteur présumé avait des sentiments racistes et était malade mental. Dimanche, dix mille personnes ont participé à un cortège funèbre à Hanau et ont donné l'exemple de la tolérance et du refus de la xénophobie. A la radio et dans la presse, dans les médias sociaux, dans toute l'Allemagne, le thème des discussions porte sur la façon par laquelle la société doit traiter le racisme. De nombreux membres de la société civile et du milieu scientifique appellent parallèlement à une action ferme contre l’extrême droite. Nous vous présentons quelques unes des voix les plus importantes :
Le politologue Claus Leggewie a déclaré au magazine pour la migration et l’intégration « Migazin » : « Il manque à une démocratie bien assise la réaction décisive de l'Etat et des tribunaux face aux menaces et aux actes de violence. (…) Il ne suffit pas de s’adresser à la société civile et de lui demander de se porter garante de la cohésion. Björn Höcke de l’AfD injurie cette société civile en la qualifiant de « marécage » qu'il faut assécher. C'est une menace de violence et rien d'autre. Les organes de sécurité doivent être clairs et imposer le monopole de l’usage de la force. »
Sebastian Fiedler de l'Association des agents de police judiciaire s’est exprimé sur la station de radio Deutschlandfunk au sujet des liens : « Je crois surtout que nous devons attirer l’attention sur le fait que les tâches qui nous attendent ici ne sont pas uniquement celles des autorités de sécurité mais que cela va beaucoup plus loin. Cela va des crimes de haine au débat sur la stratégie que poursuit l’AfD ; il faut discuter des liens, de ce qui les réunit, et les autorités de sécurité doivent être mises en mesure d’y répondre. Mais ne considérer qu’un seul de ces segments serait bien trop insuffisant. »
Le sociologue Sebastian Wehrhahn a désigné dans le quotidien « taz » la complexité du défi : « L'hypothèse d'un auteur unique est politiquement incorrecte et également contre-productive du point de vue de l’enquête. Cette hypothèse ne tient pas compte des raisons, des auteurs et des personnes au courant. Elle ne parvient pas à rendre les structures inoffensives de manière permanente et libère de leur responsabilité les personnes politiquement responsables. Pour ce qui est du traitement politique, il me semble important que la banalisation de la terreur d’extrême droite ne soit pas séparée de l’équation théorique de l’extrémisme de gauche et de droite. »
Dans le journal « Berliner Zeitung », Hajo Funke, chercheur spécialiste de l’extrémisme, interprète la citation d'Angela Merkel « Le racisme est un poison » : « Je comprends la phrase comme suit : là, où il est donné libre cours au racisme et aux ressentiments en public par les partis politiques, l’atmosphère de la cohabitation change et est empoisonnée. C’est pourquoi il y a une énorme responsabilité politique. Cette déclaration permet de faire bien des choses. »
La journaliste Karolin Schwarz qui vient de publier le livre « Hasskrieger. Der neue globale Rechtsextremismus » (Les guerriers haineux. La nouvelle extrême droite mondiale) a déclaré sur la chaîne de télévision « rbb », en réponse à la question de savoir si l’attaque de Hanau pourrait mener à ce que nous soyons à l’avenir plus sensibles aux différentes formes d’extrémisme de droite : « Je l’espère. Mais cela doit être compris par l’ensemble de la société. Ce n’était pas une attaque contre des étrangers. C‘était une attaque contre nos voisins, nos amis et notre famille – des gens qui nous entourent. »