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Coopérations dans le domaine des matières premières : « Création de valeur pour les deux parties »

La politologue Melanie Müller s’exprime sur les coopérations internationales de l’Allemagne concernant les matières premières, l’approche européenne particulière et les opportunités de développement industriel.

Johannes_GöbelInterview: Johannes Göbel, 20.09.2024
Expertise : mine de recherche et d’enseignement de l’École des mines de Freiberg
Expertise : mine de recherche et d’enseignement de l’École des mines de Freiberg © dpa/pa

Madame Müller, vous dirigez à l’institut allemand SWP (Stiftung Wissenschaft und Politik) le projet de recherche « Des coopérations internationales sur les matières premières comme instrument pour un approvisionnement durable et résilient en matières premières ». Comment les coopérations permettent-elles, réellement, de déployer cette évolution positive ?

Dans sa collaboration avec des pays partenaires, il s’agit notamment pour l’Allemagne de devenir moins dépendante des différents grands fournisseurs de matières premières, en particulier de la Chine, de manière à ce que la sécurité de l’approvisionnement soit garantie, même en cas de conflits géopolitiques. Dans le même temps, les coopérations concernant les matières premières ne devraient pas être conclues uniquement en vue des propres intérêts de l’Allemagne en matière d’approvisionnement. Ces coopérations sont surtout fructueuses à long terme lorsque les deux parties participent au développement économique et à la création de valeur.

Melanie Müller : « L’Allemagne peut apporter une expérience précieuse »
Melanie Müller : « L’Allemagne peut apporter une expérience précieuse » © privat

Que peut offrir l’Allemagne à ses pays partenaires ?

Lors de mes voyages de recherche dans d’autres pays riches en matières premières, je constate régulièrement un grand intérêt pour le modèle allemand de formation en alternance. Regardons, par exemple, l’Afrique du Sud : le taux de chômage des jeunes y est élevé, mais le pays dispose parallèlement d’un grand nombre de jeunes bien qualifiés. Ces derniers doivent passer le plus rapidement possible à la pratique professionnelle : c’est ce à quoi contribue la formation en alternance que les entreprises allemandes proposent aussi en Afrique du Sud. Par ailleurs, l’Allemagne peut apporter une expérience précieuse dans le développement technologique, par exemple en termes d’efficacité énergétique ou d’exploration de matières premières.

Lors de coopérations sur les matières premières, la population locale doit profiter de la création de valeur de manière concrète.
L’experte Melanie Müller, Stiftung Wissenschaft und Politik

Quelles chances l’Allemagne et l’Union européenne ont-elles sur le plan international en tant que partenaires pour les matières premières ?

L’Allemagne et l’UE ne sont peut-être pas particulièrement rapides dans la mise en place de coopérations sur les matières premières ; en revanche, ces initiatives sont souvent plus approfondies que celles d’autres acteurs. Ceci est également important, car ces coopérations concernent de plus en plus les intérêts de la population vivant dans les régions riches en ressources naturelles. La population locale doit profiter de la création de valeur de manière concrète. C’est pourquoi il est approprié que le gouvernement allemand mette, par exemple, l’accent sur la modernisation de l’industrie du pays partenaire ou le soutienne dans la mise en œuvre de normes de durabilité.