« Trouver plus vite de bonnes réponses »
L’Allemagne et sa politique scientifique en 2023 – une interview de la ministre Bettina Stark-Watzinger sur les grands thèmes de l’année
Madame la ministre, quels sont les principaux thèmes et tâches auxquels la science et la recherche sont confrontés ?
Nous vivons des temps difficiles : après le poids de la pandémie de Covid-19, la guerre d’agression russe envers l’Ukraine et ses conséquences nous placent devant de grandes tâches supplémentaires. Nous devons être moins dépendants et renforcer notre propre position au sein de la concurrence internationale en tenant compte également de nouveaux dangers. A l’avenir, il faudra trouver encore plus vite de bonnes réponses aux questions urgentes de notre époque et les appliquer directement. Le progrès auquel nous sommes parvenus lors de la pandémie de Covid-19, par exemple en développant en un temps record une méthode de détection et des vaccins, doit également nous permettre de relever d’autres défis tels que le changement climatique.
Nous travaillons avec nos partenaires pour la liberté de l’éducation et de la science dans le monde entier
C’est pourquoi nous misons sur la recherche et l’innovation, par exemple pour de nouvelles technologies énergétiques, l’hydrogène vert et la fusion. De même, en ce qui concerne le changement numérique, nous voulons mettre l’accent sur nos valeurs en exploitant mieux les opportunités de l’intelligence artificielle et en faisant avancer les technologies quantiques.
Quels sont les jalons à poser en 2023 ?
L’éducation, la recherche et l’innovation sont les bases décisives pour le progrès économique, social et technologique. Cependant, la pénurie de personnel qualifié met en danger la croissance et la prospérité de notre pays. Sans suffisamment de personnel qualifié, il ne sera pas possible de relever les grands défis que sont la révolution numérique ou la lutte contre le changement climatique. C’est pourquoi nous posons d’une part des jalons pour faciliter l’immigration de personnes qualifiées et veillons à ce qu’il y ait en Allemagne des conditions de travail et des possibilités de carrières attractives. D’autre part, nous donnons de fortes impulsions tout au long de la chaîne éducative dès le jardin d’enfants, en particulier pour la formation MINT. En effet, la pénurie de personnel qualifié MINT est un danger pour notre capacité d’innovation. En outre, j’attache une importance particulière à ce qu’à l’avenir le succès scolaire dépende moins de l’origine sociale des élèves que jusqu’à maintenant et que nous renforcions aussi bien la formation professionnelle que la formation académique.
Que faut-il faire au niveau international dans ces domaines et quel rôle l’Allemagne peut-elle jouer ?
Nous misons sur la coopération européenne et internationale en matière d’éducation et de recherche. En cela, la liberté scientifique a pour nous une importance particulière. Nous allons renforcer les partenariats de valeur où nous pouvons coopérer en toute confiance, notamment dans des domaines sensibles tels que la sécurité d’approvisionnement ou la souveraineté technologique. Au sein de l’UE et du G7, nous travaillons avec nos partenaires pour la liberté de l’éducation et de la science dans le monde entier. Nous allons continuer à renforcer l’attractivité de l’Allemagne en tant que site de recherche et de développement, notamment compte tenu de la pénurie de main d’œuvre qualifiée. La proportion d’étudiants et de chercheurs internationaux en Allemagne doit pouvoir être augmentée grâce à des offres et des conditions générales améliorées, telles que nous les créons par le biais de la stratégie d’excellence ou l’initiative « Research in Germany ». Nos universités et nos instituts de recherche profitent énormément des talents internationaux – et nous voulons nous améliorer dans ce domaine.
Bettina Stark-Watzinger est ministre fédérale de l’Education et de la Recherche
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