Un outil d’auto-assistance
Dans un nouveau pays, les personnes souffrant de maladies psychiques ont souvent du mal à s’orienter. En Allemagne, un centre d’accueil virtuel propose une orientation.
Les personnes réfugiées sont particulièrement vulnérables aux maladies psychiques du fait des expériences traumatisantes subies, telles que la guerre, la violence et l’obligation de quitter leur propre pays. En Allemagne, 47 centres psychosociaux leur viennent en aide. Le projet REFUGEEUM propose un centre d’accueil virtuel aux personnes réfugiées en Allemagne qui souffrent de troubles physiques ou psychiques. Le professeur Mike Mösko, directeur du groupe de travail sur la recherche psychosociale en matière de migration, au centre médical universitaire de Hambourg-Eppendorf, explique comment la plateforme a été mise en place.
Monsieur Mösko, quel est le soutien apporté aux personnes réfugiées par le biais de REFUGEEUM ?
Le principe de base est de donner aux personnes concernées la possibilité de s’informer dans leur langue maternelle sur des problèmes psychiques et de leur fournir des stratégies leur permettant de se prendre en charge elles-mêmes. Le projet est, par conséquent, un outil d’auto-assistance et de psychoéducation, autrement dit de transmission de connaissances sur les maladies psychiques.
Comment est apparue cette offre ?
C’est dans le cadre d’un projet pratique d’un semestre avec des étudiants en master de psychologie de l’Université de Hambourg que le site web a vu le jour. Ceux-ci ont élaboré du matériel scientifiquement fondé pour des personnes réfugiées souffrant de troubles psychiques. Par ailleurs, des réfugiés ont participé activement à la création du site web. Au printemps 2016, quatorze réfugiés issus de quatre pays avaient participé à un bloc de séminaires. Ils ont passé en revue avec les étudiants les projets de textes et leur ont donné d’importantes suggestions ainsi que des propositions d’amélioration.
C’est grâce à l’engagement des étudiants que le projet a pris une dynamique incroyablement positive. L’association à but non lucratif SEGEMI (Seelische Gesundheit Migration und Flucht e.V.), de Hambourg, a soutenu professionnellement le projet depuis son lancement et s’occupe, depuis la fin du séminaire, de la gestion technique et du contenu du site web.
À quoi ressemblent les soins psychologiques dispensés aux réfugiés en Allemagne ?
La plupart des personnes réfugiées souffrant de troubles psychiques obtiennent de l’aide dans l’un des 47 centres psychosociaux que compte l’Allemagne. Ces centres sont organisés sous l’égide du BAfF, le groupe de travail fédéral des centres psychosociaux pour les réfugiés et les victimes de la torture. Par ailleurs, il y a aussi un grand nombre d’initiatives et d’organisations régionales qui proposent également une aide psychosociale. Néanmoins, les interprètes professionnels, qui seraient nécessaires pour fournir des soins complets aux patients, ne sont pas assez nombreux.
Pour remédier à ce problème, l’association SEGEMI a surmonté une étape très importante : en coopération avec la chambre des psychothérapeutes de Hambourg et le Paritätischer Wohlfahrtverband (une association spécialisée dans l’observation de la vie sociale dans le pays), l’association a réussi à mettre sur pied un projet pilote unique en Allemagne. Depuis 2017, il existe le pool d’interprètes de Hambourg, qui permet aux praticiens ambulatoires de bénéficier gratuitement des services d’un interprète professionnel pour le diagnostic et le traitement de leurs patients.
Vous pouvez accéder ici au site web de REFUGEEUM.